Édito : Les maçons, ces héros

18 février 2021

 news René Mathez

Inside

Dans ce XXIe siècle fondé sur un néolibéralisme dénoncé par Bourdieu comme une coupure entre l’économie et les réalités sociales, pour quel objet construit-on ? À chaque projet, le défi lancé aux corps d’état est essentiellement financier, et la qualité semble avoir perdu son statut d’invariabilité au profit du rendement.

Pourtant, sur les chantiers, celles et ceux que j’appelle respectueusement les « œuvriers », vivent une autre réalité. Le travail du maçon, en particulier, impressionne. Au savoir-faire et au coup de main, s’ajoutent les aptitudes nécessaires pour faire face aux exigences mécaniques, climatiques, topologiques et temporelles imposées par la physique.

Depuis 2020, le Covid-19 est venu complexifier le quotidien du gros œuvre, avec l’obligation d’un certain nombre de mesures-barrière : alors que l’on accueillait 8 personnes dans un container vestiaire ou cantine, il nous faut maintenant doubler les installations, avec des conséquences logistiques et énergétiques considérables. Le nettoyage puis la désinfection des réfectoires et de l’outillage mobilise un ouvrier à temps plein par site, et la panoplie masque/gants/gel/désinfectant prend l’allure d’une mission impossible lors de certaines tâches.

Les logiques de préservation de l’environnement modifient également les processus de travail, avec parfois, il faut bien le dire, des situations ubuesques. Vous ne le savez peut-être pas, mais les eaux pluviales tombant sur les chantiers doivent être récupérées et traitées dans des bacs extrêmement coûteux. Tous ces frais engendrés sous une pression financière continuelle sont  difficilement répercutables. Mieux encore, ce que l’on appelle les « frais COVID-19 », pourtant pour certains prévus dans le cadre de la norme SIA 118, ne sont pas pris en charge par tous les maîtres d’œuvre, et sont par conséquent financés par les artisans eux-mêmes.  

Heureusement, il subsiste une catégorie de maîtres d’ouvrage conscients de ce qu’est réellement la construction. Un métier de terrain dur, exigeant une vraie compétence technique et sur lequel repose la qualité intrinsèque du futur bâtiment.

Dans ce premier édito de l’année je tiens à les en remercier, tout comme je tire mon chapeau aux équipes MATHEZ, présentes chaque jour sur le chantier avec le même enthousiasme et la même exigence de qualité. Seule l’évidence de cette dernière sur le long terme permettra d’inverser les pôles et de ramener le gros œuvre et les autres professions du bâtiment à la place d’honneur qui devrait être la leur.   

Éric Lumbreras
Directeur général


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