Eric Lumbreras : « Législation énergétique et complexification des appels d’offre publics : une difficulté supplémentaire pour les TPE/PME du bâtiment en Suisse »

En Suisse, les entreprises de la construction sont confrontées aux exigences croissantes de la législation environnementale et également, à la complexification juridique et technique des soumissions. Si les grosses organisations disposent à l’interne de professionnels du droit pour élaborer leurs propositions, ce n’est pas le cas des TPE/PME, qui sont mises en difficultés par tant d’obstacles administratifs.

Dans son intéressant rapport sur le secteur suisse de la construction, que dit PwC* ? : « Les petites entreprises de construction ont tendance à se concentrer sur les clients privés ainsi que sur les clients commerciaux et industriels… Dans le cas des clients publics et institutionnels, les relations sont de nature plus formelle. Il s‘agit de remporter des appels d’offres publics. Ce processus d’acquisition est complexe et nécessite un savoir-faire approprié, tout comme de l’expérience. Dans de nombreux cas, le prix est le premier critère de succès. Cela explique, au moins en partie, pourquoi ce sont surtout les grandes entreprises qui sont chargées de la construction des projets publics. » Cette analyse correspond bien à la situation actuelle, mais comporte une légère inexactitude. Le prix est sensé intervenir à hauteur de 30% à 40% dans les normes d’appréciation des appels d’offres publics, ce qui laisse théoriquement une chance aux petites structures de mettre à niveau leurs structures et leurs organisations, tout en valorisant leur expérience. Mais comment ?

Dans le même rapport, PwC propose des pistes pour gagner en pouvoir d’attraction : se différencier de la concurrence, valoriser la coopération en réseau, recourir aux nouveaux outils numériques d’évaluation, de prise en charge et de gestion, tout cela pour réduire les interfaces, améliorer la qualité des étapes de planification et de gestion, ainsi que les dépenses liées aux non-conformités. La transformation digitale est incontournable pour qui veut accroître son efficacité et optimiser ses processus et structures de coûts. Mais, dans notre secteur, nous sommes aussi confrontés à une conjoncture complexe sur fond de raréfaction des matières premières, de hausses des tarifs de l’énergie, de pénurie de main-d’œuvre qualifiée et de captation des projets immobiliers par des financiers dont le seul objectif est le profit.

Sur ce marché difficile, l’entreprise René Mathez SA est ouverte à son évolution, bien sûr, mais elle tient également à défendre les valeurs immuables qui ont fait son succès. Tout d’abord, nous sommes exclusivement maçons. Notre hyperspécialisation se veut à l’opposé de ces stratégies de diversification qui provoquent une concurrence féroce, une guerre des prix permanente et l’érosion des marges.
Notre cohésion interne, ensuite. Les avancées technologiques et les modèles numériques sont des facteurs cruciaux, mais isolément, ils n’assurent pas une valeur ajoutée significative. Ce sont la transversalité de nos compétences et notre culture interne qui sont seules capables d’harmoniser nos processus et de garantir un résultat irréprochable.
Notre esprit d’entreprise familiale, le respect et la valorisation de notre personnel ainsi que la fraternité qui règne au sein de nos équipes de terrain restent et resteront les valeurs motrices de René Mathez SA.
Nous sommes conscients de notre responsabilité dans cette phase de gros œuvre qui conditionne la solidité, la stabilité et la durabilité du bâti. Notre expérience de sept décennies à Genève nous permet également d’apporter notre conseil aux maîtres d’ouvrage et à nos clients architectes et ingénieurs civils.

Dans ce monde en accélération, nous savons suspendre le vol du temps lorsqu’il s’agit des règles de l’art, du respect de la parole donnée et des engagements, mais aussi du plaisir partagé de construire.

Eric Lumbreras,
Directeur général

*PricewaterhouseCoopers (PWC) – Secteur Suisse de la construction, se différencier ou disparaître

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